Elodie Pierard
Conseils livres et B.D.
Catégorie : Arts & Culture
Chroniqueuse depuis mai 2013
Chapitre 7
rue Zénobe Gramme 49 - Hannut
019 63 47 05
Après la rentrée littéraire, voici venu le temps des prix littéraires...
publiée le 26 novembre 2013
Le prix Goncourt, attribué à Au revoir là-haut de Pierre Lemaître, Albin Michel, 25,25€
« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XXè siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d’évocation, Au revoir là-haut est le grand roman de l’après-guerre de 14 de l’illusion de l’armistice, de l’Etat qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaître compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.
Le prix Renaudot attribué à Naissance de Yann Moix, Grasset, 29,15€
La naissance ne saurait être biologique : on choisit toujours ses parents. Naître, c’est semer ses géniteurs. Non pas tuer le père, mais tuer en nous le fils. Laisser son sang derrière, s’affranchir de ses gênes. Chercher, trouver d’autres parents : spirituels. Ce qui compte, ce n’est pas la mise au monde, mais la mise en monde. Naître biologiquement, c’est à la portée du premier chiot venu, des grenouilles, des mulots, des huîtres. Naître spirituellement, naître à soi-même, se déspermatozoïder, c’est à la portée de ceux-là seuls qui préfèrent les orphelins aux fils de famille, les adoptés aux programmés, les fugueurs aux successeurs, les déviances aux descendances. Toute naissance est devant soi. C’est la mort qui est derrière. Les parents nous ont donné la vie ? A nous de la leur reprendre. Le plus tôt possible.
Le prix Médicis attribué à Il faut beaucoup aimer les hommes de Marie Darrieussecq, P.O.L., 18€
Une femme rencontre un homme. Coup de foudre. L’homme est noir, la femme est blanche. Et alors ?
Le prix Goncourt des lycéens attribué à Le quatrième mur de Sorj Chalandon, Grasset, 21,30€
« L’idée de Samuel était belle et folle : monter l’Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé.
Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m’a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l’a fait promettre, à moi, le petit théâtreux de patronage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m’offre brutalement la sienne… »
"Melville, l'histoire de Samuel Beauclair", Romain Renard - Le Lombard, 19,99 €
publiée le 29 octobre 2013
Ce qu’en dit l’éditeur…
« Il progressait seul pour la toute première fois de sa vie et, comme la boue qui retenait les semelles de ses bottines dans un bruit de succion grasse, la peur s’agrippait à lui au fur et à mesure de son ascension ». Thomas Beauclair.
Après son premier roman, Samuel Beauclair se retire à Melvile, dans une maison ayant appartenu à son père, lui-même romancier. En proie à une dépression créative et amoureuse, il ne parvient plus à écrire. Il espère trouver dans les lieux de son enfance une nouvelle sérénité, loin des noirceurs du passé. A la suite d’une double rencontre, celle des frère et sœur, Rachel et David, Samuel ouvrira des portes trop longtemps restées closes. Mais c’était sans compter qu’ici, à Melvile, certains démons, certaines légendes, prennent chair et corps bien plus facilement qu’ailleurs… »/p>
Pourquoi j’ai aimé…
D’abord parce que les cases sont magnifiques et très réalistes, tout en douceur et légèreté. Les couleurs sont sublimes et les paysages quasi photographiques. Le dessin est très travaillé, les visages et expressions traduisent à la perfection les sentiments des personnages.
Ensuite, parce que cette histoire se lit comme un roman, la trame est bien ficelée et écrite à la façon d’un thriller malgré un rythme lent mais qui permet de bien analyser toutes les planches… à aucun moment je ne me suis doutée de la fin ! L’histoire est d’une justesse remarquable, dans le choix des mots, dans la façon dont se passent les évènements, la psychologie des personnages est parfaite, Sam Beauclair est attachant et menteur, pourtant, on a envie de le croire.
Enfin, parce que, grâce à un QR code, vous pouvez télécharger l’application Ipad qui vous permet d’écouter la bande originale, d’accéder à la réalité augmentée et au contenu additionnel comportant making-of, repérages photo et autres.
Voici mes premiers coups de cœur !
publiée le 8 octobre 2013
Aaaah la rentrée littéraire! On l’attendait tous, elle est enfin arrivée ! Mais rentrée littéraire rime avec rentrée scolaire, reprise des bonnes résolutions de l'année, oubliées au fil des mois, début des journées plus courtes et plus fraîches. Heureusement, il y a les livres. Ils nous offrent du voyage, du silence, du bruit, de la réflexion, des histoires vraies ou inventées et, dans tous les cas, des vies supplémentaires qui nous enrichissent. Et cette rentrée est riche, riche de tout cela.
La servante du Seigneur de Jean-Louis Fournier
Ce qu’en dit l’éditeur … « Ma fille était belle, ma fille était intelligente, ma fille était drôle… Mais elle a rencontré Monseigneur. Il a des bottines qui brillent et des oreilles pointues comme Belzébuth. Il lui a fait rencontrer Jésus. Depuis ma fille n’est plus la même. Elle veut être sainte. Rose comme un bonbon, bleue comme le ciel. »
Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre
Ce qu’en dit l’éditeur… « Sur les ruines du plus grand carnage du XXè siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d’évocation, Au revoir là-haut est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’Etat qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnante. »
Les évaporés de Thomas B. Reverdy
Ce qu’en dit l’éditeur… « Ici, lorsque quelqu’un disparaît, on dit simplement qu’il s’est évaporé, personne ne le rechercher, ni la police parce qu’il n’y a pas de crime, ni la famille parce qu’elle est déshonorée. Partir sans donner d’explication, c’est précisément ce que Kaze a fait cette nuit-là. Comment peut-on s’évaporer si facilement ? Et pour quelles raisons ? C’est ce qu’aimerait comprendre Richard B. en accompagnant Yukiko au Japon pour retrouver son père, Kaze. Pour cette femme qu’il aime encore, il mènera l’enquête dans un Japon parallèle, celui du quartier des travailleurs pauvres de San’ya à Tokyo et des camps de réfugiés autour de Sendai. Mais, au fait : pourquoi rechercher celui qui a voulu disparaître ?
Les évaporés se lit à la fois comme un roman policier, une quête existentielle et un roman d’amour. D’une façon sensible et poétique, il nous parle du Japon contemporain, de Fukushima et des yakuzas, mais aussi du mystère que l’on est les uns pour les autres, du chagrin amoureux et de notre désir, parfois, de prendre la fuite. »
Transatlantic de Colum McCann
Ce qu’en dit l’éditeur… « A Dublin, en 1845, Lily Duggan, jeune domestique de dix-sept ans, croise le regard de Frederick Douglass, le Dark Dandy, l’esclave en fuite, le premier à avoir témoigné de l’horreur absolue dans ses Mémoires. Ce jour-là, Lily comprend qu’elle doit changer de vie et embarque pour le Nouveau Monde, bouleversant ainsi son destin et celui de ses descendantes, sur quatre générations.
A Dublin encore, 150 ans plus tard, Hannah, son arrière-petite-fille, tente de puiser dans l’histoire de ses ancêtres la force de survivre à la perte et à la solitude.
S’appuyant sur une construction impressionnante d’ingéniosité et de maîtrise, l’auteur bâtit un pont sur l’Atlantique, entre l’Amérique et l’Irlande, du XIXè siècle à nos jours. Mêlant histoire et fiction, une fresque vertigineuse, d’une lancinante beauté.
La femme à la clé de Vonne Van der Meer
Ce qu’en dit l’éditeur… « "Femme, 59 ans, d'apparence maternelle, hanches larges, voix agréable, vient vous border et vous faire la lecture avant que vous ne vous endormiez. Discr. assurée. Intentions sexuelles totalement exclues." Voilà l'annonce que rédige Nettie avec humour et détermination, lorsque la recherche d'un travail devient inévitable, quelques mois après le décès de son mari. Sans expérience professionnelle à faire valoir, elle se tourne vers sa passion et propose aux âmes esseulées chômeur célibataire, hôtesse de l'air divorcée, fillette qui boude l'école ses services en tant que lectrice.
Devenue, au fil des jours, confidente, amie, conseillère, Nettie reprend goût à la vie, et ses clients avec elle. Dans ces pages imprégnées de délicatesse, Vonne van Der Meer capte les plaisirs minuscules et les joies simples de l'existence. La Femme à la clé est un voyage enchanteur à travers les livres, où s'abolissent angoisse et tristesse. »
Mais il y a aussi Le quatrième mur de Sorj Chalandon, Le cas Eduard Einstein de Laurent Seksik, La nostalgie heureuse d’Amélie Nothomb, En même temps toute la terre et tout le ciel de Ruth Ozeki, Une part de ciel de Claudie Gallay et bien d’autres encore à découvrir au Chapitre 7, rue Zénobe Gramme 49 à 4280 Hannut !
"Demain j’arrête", Gilles Legardinier, Pocket, 8,95€
publiée le 27 août 2013
Ce qu’en dit l’éditeur…
Et vous, quel est le truc le plus stupide que vous ayez jamais fait ? Comme tout le monde, Julie en a fait beaucoup. Elle pourrait raconter la fois où elle a enfilé un pull en dévalant des escaliers, celle où elle a tenté de réparer une prise électrique en tenant les fils entre ses dents, ou encore son obsession pour le nouveau voisin qu’elle n’a pourtant jamais vu – obsession qui lui a valu de se coincer la main dans sa boîte aux lettres en espionnant un mystérieux courrier… Mais tout cela n’est rien, absolument rien, à côté des choses insensées qu’elle va tenter pour approcher cet homme dont elle veut désormais percer le secret. Poussée par une inventivité débridée, à la fois intriguée et attirée par cet inconnu à côté duquel elle vit mais dont elle ignore tout, Julie va prendre des risques toujours plus délirants jusqu'à pouvoir enfin trouver la réponse à cette question qui révèle tellement : pour qui avons- nous fait le truc le plus idiot de notre vie ?
Pourquoi j’ai aimé…
Parce qu’il y avait bien longtemps que je n’avais plus ri de bon cœur en lisant un livre… L’ayant lu au Chapitre 7, je pense que plusieurs clients se rappellent être entrés dans la librairie et avoir entendu un rire retentissant les accueillir ! C’est vraiment le livre idéal pour s’évader du quotidien et passer un bon moment.
De prime abord, on pourrait penser qu’il s’agit de chick-lit : couverture rose, héroïne de 28 ans, célibataire et à la recherche du Grand Amour… mais il n’en est rien ! Pour preuve, ce livre a été écrit par un homme (j’avoue en avoir douté après avoir lu certains passages qui d’après moi n’auraient pu être écrits que par une femme) !
On sent que Gilles Legardinier, l’auteur, est un homme sensible, observateur et à l’affut de tous ces petits riens qui composent la vie. Les personnages sont vrais, réalistes et attachants… On a tous une amie comme l’héroïne…
Auteur de polar, Gilles Legardinier a un véritable sens de l’intrigue et de la chute et arrive à garder intacte l’attention de son lecteur jusqu’au bout. Le style est rythmé, les rebondissements se succèdent et s'emmêlent sans lourdeur, ponctués de scènes d'une drôlerie jubilatoire. Il n'y a pas de temps mort et les pages se tournent sans peine.
Bref, ce livre est tout simplement une véritable bouffée d’oxygène et de bonne humeur.
Si vous l’avez déjà lu et aimé, sachez que l’auteur a aussi écrit « Complètement cramé » – une petite perle également – et que « Et soudain tout change », son nouveau roman sort le 10 octobre dans toutes les bonnes librairies dont Chapitre 7 !
"Le prisonnier des collines", Erik Sven, Weyrich, 20€
publiée le 11 juin 2013
Ce qu’en dit l’éditeur…
« Ce matin-là, le vieux Jean Mélaize se réveille avec le sentiment qu'une ère nouvelle se présente à lui. Une chance unique lui est offerte et il ne peut la rater. Profitant du dégel de ce mois de février 2001, il décide d'aller se promener aux alentours de son village de la vallée de la Semois. Il désire revoir la forêt, la rivière, et, pourquoi pas, grimper jusqu'à la Table des Sorcières. Sa voisine Marie-Laure tente de l'en dissuader: après tout, il n'a plus la vigueur de la jeunesse...
Soixante ans auparavant, adolescents, ils ont exploré les collines alentour, les ont habitées, possédées. Ensemble, ils y ont vécu des joies, des peines, de l'amitié... De l’amour aussi? Pourquoi sont-ils voisins alors que tout semble les unir? Parcourant les sentiers de sa mémoire, le vieux se souvient du jeune Jean, de son histoire, de ses regrets.
Restée chez elle, Marie-Laure attend son retour avec le même pressentiment : aujourd'hui, quelque chose de différent va se produire. Le passé ne leur appartient plus, mais est-il trop tard pour profiter du présent?
Dans ce roman plein de mystère, Erik Sven invite le lecteur à suivre les pas de personnages aussi riches et énigmatiques que les paysages de l’Ardenne. »
Pourquoi j’ai aimé…
Parce qu’il s’agit du premier roman de cet auteur belge d’origine flamande établi en Hesbaye brabançonne et qu’il a la fraîcheur et le dynamisme des premières œuvres.
Parce que cet ouvrage me rappelle la Gaume si chère à mon cœur.
Parce qu’il donne envie d’aller se perdre dans les forêts magiques et mystérieuses des Ardennes belges, qu’il donne envie de rencontrer les farfadets, les fées et autres lutins qui les peuplent.
Enfin, parce que l’écriture ressemble à celle de Frédéric Lenoir dans le « Secret » et que l’histoire pourrait être illustrée par Jean-Claude Servais.
Bref, un livre à lire pour s’évader! Disponible dès à présent au Chapitre 7!
"Quai d’Orsay, Chroniques diplomatiques", Lanzac & Blain, Dargaud, 2 tomes (2010 et 2011), 16,45€ (T1) et 16,95€ (T2)
publiée le 7 mai 2013
Cette BD est directement inspirée de l’expérience professionnelle de Lanzac – dont le nom est un pseudonyme – mieux connu sous le nom d’Antonin Baudry, ancien conseiller de Dominique de Villepin lorsqu’il était ministre des affaires étrangères – communément appelé Quai d’Orsay.
Elle retrace l’histoire d’Arthur Vlaminck engagé par le cabinet d’Alexandre Taillard de Vorms (personnage clairement inspiré de Dominique de Villepin) en charge des langages – en bref, pour lui écrire ses discours. Pas facile de se faire une place entre un directeur de cabinet et des conseillers dans un milieu où stress, ambition et coups fourrés sont fréquents. Le premier tome nous donne une image d’une diplomatie en mouvement, d’équipes engagées, de négociations complexes et de moments où il faut prendre des décisions difficiles et s’y tenir. Le second tome relate la préparation du discours du Ministre à l’ONU contre une intervention militaire au Lousdem, soupçonné de détenir des armes de destruction massive. Il fait directement référence à la crise qui a mené à une seconde guerre du Golfe et au discours de Dominque de Villepin le 14 février 2003 à l’ONU.
Derrière un sujet qui peut paraître rébarbatif, Lanzac et Blain nous montrent avec humour et sérieux la frénésie et le stress qui peuvent régner au sein de la diplomatie, les coulisses des grandes manœuvres diplomatiques et des négociations internationales.
Le lecteur se délectera du rythme soutenu, des onomatopées qui structurent le récit, du graphisme exceptionnel, des caractères des personnages.
Cette BD a connu un tel succès que ses auteurs ont reçu en février 2013 le prix du meilleur album BD au Festival d’Angoulême et qu’elle fait l’objet d’une adaptation cinématographique par Bertrand Tavernier dont la sortie est prévue dans le courant de l’année 2013 avec Thierry Lhermitte dans le rôle de Taillard de Vorms.